Les enjeux de la réhabilitation – White Rabbit (2024)

Le concept de “réhabilitation” – on peut aussi employer le terme de “replacement” des animaux de laboratoire – est aujourd’hui peu connu du grand public, mais aussi d’un bon nombre de scientifiques. L’adoption, la remise en liberté ou le placement dans des structures spécialisées d’animaux de laboratoire en fin de protocole sont pourtant autorisés et prévus par la loi. La réhabilitation s’inscrit parfaitement dans la lignée des mesures prises pour le bien-être des animaux de laboratoire et il apparaît donc indispensable de répandre ce concept à une large échelle et de le faire appliquer.

Qu’est-ce que la réhabilitation?
Pourquoi est-il important de réhabiliter?

* Qu’est-ce que la réhabilitation?

La réhabilitation consiste en l’adoption, la remise en liberté ou le placement dans des structures spécialisées d’animaux de laboratoire en fin de protocole dont l’état de santé le permet. Elle se fait sur décision des instituts de recherche qui cèdent les animaux par contrat, le plus souvent à des associations ou refuges qui les prennent en charge. En France, le Graal sert souvent d’intermédiaire entre les instituts et ces associations.

La réhabilitation des animaux de laboratoire est autorisée par l’article 19 de la Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2010 relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques et l’Article R.214-112 du code rural français. La directive européenne a été transposée dans le droit français par le décret n° 2013-118 du 1° février 2013 relatif à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques.

L’article 19 du chapitre III de la directive européenne, intitulé “Mise en liberté et placement des animaux”, prévoit la possibilité (le placement ou la mise en liberté ne sont donc pas obligatoires) pour les Etats membres d’autoriser que les animaux soient placés ou relâchés à trois conditions cumulatives :

– que leur état de santé le permette

– qu’il n’y ait pas de danger pour la santé publique, la santé animale ou l’environnement

– que des mesures appropriées ont été prises pour préserver le bien-être de l’animal

Tous les animaux ne peuvent donc pas être réhabilités, notamment ceux qui sont euthanasiés pour les besoins de l’expérience ou ceux qui pourraient souffrir de séquelles physiques ou psychologiques. Les animaux aptes à être replacés sont sélectionnés par les instituts de recherche. Retour au sommaire

* Pourquoi est-il important de réhabiliter?

Beaucoup de mesures ont été prises pour améliorer les conditions de vie des animaux de laboratoire, et celles-ci sont en permanence mises à jour.

On trouve parmi les règles les plus systématiquement appliquées celle dite des “3R”, qui régit l’expérimentation animale de la sorte : Remplacer le modèle animal par une méthode alternative si elle existe ; Réduire au maximum le nombre d’animaux utilisés ; Raffiner les expérimentations en tirant le plus d’informations possible de chaque animal utilisé.

Depuis quelques années, plusieurs organismes (le Graal, la Sfeca…) proposent d’ajouter à cette règle un 4e R systématique, celui de la Réhabilitation (ou Replacement, ou encore Rehome en anglais).

Si les 3R sont incontournables dans le monde de la recherche et leur mise en pratique soutenue par tous les moyens possibles, la réhabilitation est peu connue dans ce milieu et n’est qu’une possibilité autorisée par la loi. Hors, elle s’inscrit parfaitement dans la lignée des mesures prises pour le bien-être des animaux de laboratoire et il apparaît donc indispensable aujourd’hui de répandre ce concept à une large échelle et de le faire appliquer. A cela, plusieurs raisons:

        • La responsabilité morale : tout comme il est difficilement concevable de faire vivre les animaux de laboratoire dans la souffrance et la peur, il est inacceptable d’euthanasier ceux qui sont en pleine santé si une alternative existe.
        • La considération des êtres vivants : même si le pourcentage d’animaux de laboratoire qui sont susceptibles d’être réhabilités est faible – estimé à 10% (1) – et apparaît à certains comme une goutte d’eau dans la mer, il est important de considérer ces animaux individuellement et non comme l’infime partie d’un tout, car pour tout ceux qui sont réhabilités, cela change quelque chose. En effet, il semble inconcevable que cette passion pour la vie qui a amené les biologistes à faire ce métier soit compatible avec le fait de considérer ces animaux comme du matériel de travail et non plus comme des êtres vivants uniques.
        • La responsabilité civique : toutes les personnes qui consomment de la viande, se vaccinent ou se soignent – elles, leurs proches ou leurs animaux de compagnie – ou qui bénéficient, en termes de santé ou de longévité, de vivre dans une société qui le fait – portent la responsabilité de l’expérimentation animale. Au sein d’une société moderne vivant dans un pays développé comme le nôtre, où chacun bénéficie de l’expérimentation animale, il semble normal que tous se mobilisent pour offrir une retraite bien méritée à ces animaux qui permettent les avancées médicales et sanitaires.
        • Réduire la consommation en animaux de la société : la société actuelle est extrêmement consommatrice d’animaux (élevage alimentaire, animaux de compagnie, zoos, recherche…). Bien que la recherche utilise peu d’animaux en comparaison à d’autres filières en France comme dans les autres pays d’Europe, des dispositions peuvent être prises en son sein pour réduire ce nombre, comme réutiliser les souris euthanasiées en laboratoire comme matériel de dissection dans les écoles, ou proposer à l’adoption les animaux de laboratoire réhabilitables.
        • Limiter les initiatives personnelles isolées, illégales et risquées. En effet, l’implication émotionnelle combinée à l’ignorance, peuvent mener à des comportements illégaux, contreproductifs et risqués (au niveaux sanitaire et écologique), comme la sortie ponctuelle, par des scientifiques ou des activistes, d’animaux qui ne répondent pas aux trois conditions cumulatives posées par la loi. Diffuser le concept légal de réhabilitation et rendre cette démarche plus accessible, tout en étant fort encadrée, pourrait permettre de prévenir de telles actions. Retour au sommaire

(1) Le Journal du Dimanche, 2014 (retour au texte)

Les enjeux de la réhabilitation – White Rabbit (2024)

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